Peut-être avez-vous déjà entendu parler des 3F ? En cas de stress, nous réagissons d’une des trois façons suivantes : Fight, Freeze ou Flight, que l’on pourrait traduire par se battre, s’immobiliser, s’enfuir. N’étant pas psychologue je ne m’étendrais pas davantage sur ce qui ne relève pas de mes compétences. 

Mais il n’empêche : vous, comment avez-vous réagit à l’annonce de l’arrêt des écoles ? À l’annonce du télé-travail ? À la fermeture des bars ? Du confinement ? Ces 4 dernières semaines ? Depuis l’annonce du prolongement du confinement ? Guettez-vous les informations sur le déconfinement ? 

Perso, j’ai passé presque 4 semaines en mode « Freeze ». Genre figée. Genre 1-2-3 soleil. Genre « bloquée ». D’ailleurs la 1ère image qui m’était venue à l’annonce du confinement, c’est l’image de la vase. Il paraît que lorsqu’on est prit dans la vase, il ne faut surtout pas se débattre parce que sinon on est engloutit en 2 temps 3 mouvements. Il faut rester immobile. Et à plat ventre aussi d’après ce que quelqu’un m’a dit- j’avoue que je n’ai pas vérifié. 

Ou bien autre image : quand vous vous baignez dans les gros rouleaux de la côte Atlantique ; vous plongez sous la vague et pendant que vous êtes à plat-ventre près du sable, vous la sentez rouler et passer au-dessus de vous. J’adore cette sensation.

Ou bien autre image : le hérisson pris dans les phares d’une voiture. 

Je pense que c’est bon, vous avez bien compris le concept de « freeze » ! 

Faire le dos rond, donc, et attendre que ça passe. Sauf que le confinement dure et dure, et je ne vais pas faire l’étoile de mer pendant 8 semaines ou plus. Il faut que je (me) bouge, parce que je commence à avoir des fourmis. Je me suis donc demandé : « Que dirait le yoga ? ». En réalité il y a une analogie assez évidente, à se demander d’ailleurs si le/la théoricien.ne des 3F ne se serait pas inspiré.e du Yoga 😀

Selon différents textes indiens (SāṃkhyaYoga,  Bhagavad-GītāAyurveda)il y a 3 grandes énergies qui régissent tout ce qui est vivant – dont nous : on les appelle les gunas. Ces trois énergies sont :

  • Sattva : le principe lumineux > ce serait l’équivalent de « Flight »
  • Rajas : le principe d’action > ce serait « Fight »
  • Tamas : le principe d’inertie > ce serait « Freeze »

Chacune des ces 3 énergies peut exister dans une forme plus ou moins positive, en fonction de si elle « bien dosée » ou non. Par exemple :

  • Sattva permet la légèreté, la lumière, la clairvoyance ; mais peut nous amener à être un peu « perché » ou trop attaché à la légèreté, à la souplesse extrême…
  • Rajas permet l’action, l’énergie, la force ; mais ne doit pas devenir une fuite en avant, ou nous entrainer dans la passion dévorante.
  • Tamas permet la stabilité, l’endurance ; mais ne doit pas devenir obscurité, lourdeur, immobilité.

Nous sommes tous, toujours, à tout moment, constitués de ces 3 énergies. Elles sont plus ou moins présentes, plus ou moins équilibrées, dans tous les cas changeantes.

Pour tendre à l’équilibre, pour être dans nos meilleures dispositions, mental clair et dégagé (dans cet état appelé Samadhi), nous pouvons essayer de résoudre l’équation suivante : samadhi = (sattva + rajas) / tamas

Une bonne base de stabilité, sur laquelle se posent légèreté et action.

Il est donc intéressant de s’observer avec curiosité : comment je suis, là maintenant ? 

Est-ce que je me laisse vraiment trop porter ? Est-ce que je ressens plutôt de la confusion ? Ou un état comme engourdi, celui dans lequel on n’a plus trop envie de rien ? Tels sont les symptômes d’un excès de Tamas. 

Est-ce que j’ai trouvé un peu de stabilité ? Est-ce que j’ai l’impression d’y voir clair ?

La pratique du yoga permet bien sûr d’équilibrer ces énergies. Mais cela se vit aussi et peut-être même surtout dans les actes du quotidien : est-ce que je ne devrais pas aller marcher/jardiner/cuisiner plutôt que de rester à réfléchir/ressasser/tourner en rond ? Est-ce que je ne devrais pas plutôt me poser plutôt que de me disperser, de m’agiter dans moult directions ? 

Identifier tout cela, c’est déjà se donner un moyen d’avancer. Cette période de confinement nous offre des situations uniques à observer. Chaque jour. Et même davantage, car nous pouvons ressentir des hauts et des bas plusieurs fois par jour. 

Sans culpabiliser, sans se juger, sans chercher à être toujours dans le même état, accueillons avec bienveillance la co-existence de ces possibles !

Merci à Sandra Ermeneux, EMY formation, pour cet enseignement. 

Crédit photo : Photo by Torsten Dederichs on Unsplash